Pourquoi la plupart des conférenciers que j’ai entendus étaient-ils si négatifs sur les « intelligences artificielles » ? Si acharnés à minimiser leurs capacités ?
Pourquoi évitent-ils à tout prix de dire qu’une frontière a été franchie de manière étonnante ?

Je propose ici, de manière ludique, 4 hypothèses pour expliquer ces réactions :

-1- Première hypothèse : Les experts pensent qu’il faut absolument tenir le grand public éloigné d’une attitude de trop grande fascination devant les IA langagières qui conduirait ce malheureux grand public à leur faire trop confiance ou à croire qu’elles détiennent « La Vérité », voire qu’elles sont douées de conscience.
Faisons crédit aux experts du noble désir d’être les gardiens de la raison et de vouloir protéger les « non-sachants » d’illusions dangereuses. Mais ces motivations citoyennes ne sont-elles pas mêlées à d’autres, peut-être moins conscientes, voire moins honorables ?

-2- Deuxième hypothèse : mortifiés d’avoir été largement dépassés par les américains, les chercheurs français minimisent l’importance des IA. Vexés quoi.
Plus généralement, la recherche publique, totalement distancée par la recherche privée (une distance qui se mesure en milliards de dollars) n’a-t-elle pas tendance à vouloir discréditer un domaine qui lui échappe ? Voir cet article du Monde.

-3- Troisième hypothèse : plus personne ne « croit au progrès ». Aujourd’hui, marcher sur la Lune pour la première fois ne ferait plus un tabac. Sauf si un ou une influenceuse était dans le coup.
Plus personne ne placent d’espoir dans le numérique, y compris ceux qui avaient rêvé d’un monde meilleur avec la naissance d’Internet. Nous sommes tout à fait désabusés et nous entrevoyons pour les IA un avenir semblable à celui des réseaux sociaux, en pire (même s’il n’est pas question d’arrêter de nous en servir). Ces IA vont nous rendre dépendants, paresseux du cerveau et nous priver de libertés (surveillance…).
Et les jeunes qui sont sur leur téléphones toute la journée disent majoritairement qu’ils auraient préférer vivre avant Internet.
L’avis des experts eux-mêmes est empreint de ce pessimisme.

– 4 – Quatrième hypothèse : Freud a décrit 3 grandes blessures narcissiques qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Elles ont été provoquées par Copernic, puis par Darwin, puis par lui-même.

Chat GPT & consorts serait la quatrième grande blessure : nous avons créé des machines qui manient le langage souvent aussi bien que nous, parfois même nettement mieux.

Mais c’était quand même le propre de l’homme le fait de parler, de manier le langage, nom d’une pipe ! C’était ce qui nous distinguait de tous les êtres vivants et nous plaçait au sommet de la Création.
Et voilà qu’une machine est capable de produire des textes, de les traduire, de les développer ou de les résumer, d’en changer le ton, etc….
Mon dieu ! Mais assister à ça, c’est bien pire que d’apprendre qu’on descend du singe !
Il faut sauver l’exception humaine ! Il faut sauver la notion d’esprit.
 Il faut sauver l’Homme créé à l’image de Dieu, comme dans le livre de la Genèse.

Alors, il faut à tout prix déconsidérer ces IA qui manient trop bien le verbe, les réduire à des perroquets bavards, mais stupides.